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Si le cinéma a toujours eu pour tâche ontologique d’enregistrer le réel, il se heurte aujourd’hui à une difficulté supplémentaire. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont fini par réussir leur mission à elles : séparer l’homme du réel. L’un des nouveaux buts du cinéma est donc de prendre en compte cette séparation, la montrer et proposer de la résoudre. Aussi ne sera-t-on pas étonné de constater que tous les films de cette année, que ce soit sur un mode fantastique ou plus réaliste, traitent de mondes parallèles et qu’ils cherchent à trouver la porte d’accès qui permettra de passer de l’un à l’autre, de reconnecter l’homme avec le réel.
Un monde parallèle, ce peut être le passé mapuche de la nation chilienne qu’il faut déterrer (Date una vuelta en el aire). Ce peut être le milieu transgenre qu’il faut intégrer à la société brésilienne (Madalena). Ce peut être la part d’enfance qu’il faut pouvoir conserver en soi (Piedra Noche) ou la part de magie que le cinéma doit pouvoir conserver en lui (Fanny camina). Ce peut être la beauté et la poésie qu’il faut réincorporer dans un monde corrompu (Candela) ou l’euphorie qu’il faudrait cesser d’aller chercher ailleurs pour la trouver en soi (Mostro). Ce peut être la vie privée qu’il faut ramener sur le devant de la scène professionnelle (Una película sobre parejas) ou encore l’inconscient qui préside à l’élaboration d’un film et qu’il faut ramener sur le devant de l’écran (Capitu e o Capítulo). Il n’y a pas jusqu’à l’individu lui-même qui ne soit devenu un monde parallèle ; un individu séparé de lui-même (El Otro Tom) ou dédoublé (Jesús López) et qu’il faut pouvoir ramener à son moi originel.
Tous ces mondes parallèles, dont nous sommes chaque jour un peu plus séparés, le cinéma nous les restitue, à condition bien sûr, qu’on ne fasse pas de séparation entre la vie et le cinéma.
Nicolas Azalbert, responsable de la programmation cinéma–
- Candela d’Andrés Farías Cintrón, République dominicaine
- Capitu e o Capítulo de Júlio Bressane, Brésil
- Date una vuelta en el aire de Cristián Sánchez, Chili
- El Otro Tom de Laura Santullo & Rodrigo Plá, Mexique
- Fanny camina d’Alfredo Arias & Ignacio Masllorens, Argentine
- Jesús López de Maximiliano Schonfeld, Argentine
- Madalena de Madiano Marcheti, Brésil
- Mostro de José Pablo Escamilla, Mexique
- Piedra Noche d’Iván Fund, Argentine
- Una película sobre parejas de Natalia Cabral & Oriol Estrada, République dominicaine
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