Rétrospective Ignacio Agüero

27 juillet 2021

L’œuvre documentaire d’Ignacio Agüero, encore trop méconnue en France, fait pourtant partie des plus stimulantes de ces dernières décennies car elle ne se satisfait pas d’enregistrer le réel mais cherche à le recomposer, contrevenant ainsi à l’idée reçue selon laquelle le réel nous serait donné une fois pour toutes et qu’il n’y aurait qu’à l’enregistrer. Le rapport au monde, la sensation du temps, la mémoire d’un lieu, la rencontre avec l’autre, l’acte de filmer sont autant de constructions qu’Agüero, avec toute sa générosité et sa sensibilité, agence les unes avec les autres. Cet agencement s’opère sur un terrain d’égalité qui se répercute sur les êtres et les choses que filme Agüero et qui parviennent à coexister, c’est-à-dire qui réussissent, malgré ou grâce à leurs différences, à partager ensemble un même espace et un même temps. C’est ce qui donne à ses films cette matière foisonnante où tout interagit : le passé et le présent, le privé et le public, le grave et le léger, le proche et le lointain. Chaque film part d’une réalité apparemment simple, banale et évidente mais qui se révèle en fin de compte beaucoup plus complexe et troublante (parfois vertigineuse), parce qu’il ne s’agit pas de circonscrire, de délimiter un sujet à traiter mais au contraire de le déborder, de l’élargir à des cercles périphériques, de procéder à des divagations et digressions qui ne sont qu’apparentes puisqu’elles créent, par un art subtil du montage, de nouvelles relations, de nouvelles associations et une nouvelle manière de voir qui s’exprime la plupart du temps à la première personne. Le cinéma d’Agüero fait penser à cette définition de la peinture qu’en donnait Cézanne : « Peindre, ce n’est pas copier servilement l’objectif : c’est saisir une harmonie entre des rapports nombreux, c’est les transposer dans une gamme à soi en les développant suivant une logique neuve et originale. »  

Nicolas Azalbert, Responsable de la programmation cinéma


Ignacio Agüero

Né à Santiago du Chili en 1952, il a étudié l’architecture et le cinéma. Il réalise deux courts, un moyen et un long métrage pendant la dictature. Il développe son travail au cinéma principalement dans le documentaire d’auteur. Il a également été photographe, cadreur, scénariste, ingénieur du son et producteur de plusieurs de ses films, et réalise également une série pour la télévision chilienne. Il a collaboré à la campagne télévisée « la franja del NO » lors du plébiscite qui a vaincu Pinochet. Des rétrospectives de ses films ont eu lieu en Argentine, au Pérou, en Bolivie, au Brésil, en Espagne, au Mexique et au Chili. Il a dirigé des ateliers de formation dans divers pays et a été au jury de nombreux festivals. Il a remporté de nombreux prix. Ses deux derniers films, Como me da la gana II et Nunca subí el Provincia, ont remporté le Grand Prix du FIDMarseille. Il tourne actuellement son documentaire Notas para una pelicula. Il est professeur de cinéma à l’Université du Chili et coordonne également le réseau d’animateurs d’ateliers de cinéma à l’école Cero en conducta.

Programmation :

Pour en savoir plus, cliquez ICI

 

Le rapport au monde, la sensation du temps, la mémoire d’un lieu, la rencontre avec l’autre, l’acte de filmer sont autant de constructions qu’Ignacio Agüero agence les unes avec les autres.

Montage : Nicolás Cifuentes